[ U18 ] Rouen - Mt Blanc... Acte II...
A la fin d'un bon film au moment où survient le fatidique moment du générique de fin, il n'est pas rare de ressentir l'envie d'en avoir encore, que le réalisateur ait glissé quelques bonus ici ou là, quelques scènes supplémentaires. On s'est attaché aux personnages, aimé le dénouement final, oublié les quelques incohérences de scénarios, rangé au fond de la mémoire les quelques faux raccords pour autant tous les films ont une fin. Des chefs d'oeuvres « oscarisables » au pire navet et cette saison 2011-2012 des cadets élite n'y échappera pas. Ni navet, ni chef d'oeuvre, l'année U18 restera pour les acteurs de prêt ou de loin une bonne expérience avec en prime un « clap de fin » avec la médaille de bronze autour du cou. Certes, le désormais galvaudé « We are the Champion » cher à Freddy Mercury sera célébré dans la patinoire d'Amiens pour honorer la très belle équipe des Gothiques U18 qui remporte le 7ème titre de son histoire en Cadet, mais quoiqu'il en soit pour les Dragons de Rouen l'aventure se terminera sur une bonne note avec une victoire épique sur la courageuse formation du Mont-Blanc qui aura tenu en haleine les spectateurs jusqu'au bout.
De la peur de perdre...
Un bon casting ne se résume pas une seule tête d'affiche. Le Dragon ne suffisait pas à donner à cette dernière rencontre de l'année un goût savoureux, les joueurs du Mont-Blanc avec leur âme et leur esprit auront fait plus que résister face aux Seino-Marins. En effet, la veille, la première manche s'était soldée sur un « cliffhanger » de choix avec l'égalisation à 2-2 en toute fin de rencontre de Victor Orset laissant les deux équipes à égalité à l'orée de cette confrontation finale. Tranquillement installé on ne sait où, le scénariste de cette rencontre avait placé dans son script tous les ingrédients nécessaires à un bon film à suspense. C'est ainsi que face à une équipe de Rouen complètement congelée par la « peur de perdre », l'équipe du Mont-Blanc jouait crânement sa chance. Volant la vedette à un Dragon figé, le Mont-Blanc profitait des errements défensifs rouennais pour solliciter le portier rouennais Quentin Papillon. Un début de match calamiteux pour les rouennais qui se retrouvaient à devoir faire face à une multitude d'occasions montagnardes. La panique proche sur le banc, il fallait s'en remettre à la réussite, aux arrêts de son gardien pour ne pas voir le Mont Blanc prendre les devants au tableau d'affichage. Pour autant, le feu nourri de l'artillerie alpine en début de match ne fera qu’écorner la muraille défensive rouennaise prise d'assaut. Plusieurs avertissements sans frais, plusieurs rappels à l'ordre qui finiront par piquer au vif les Dragons qui finiront par planter une scintillante banderille en fin de période par l'intermédiaire de l'un de ses plus fiers guerriers Victor Houeix (1-0 à 19'52)
Au bord du précipice...
Avec une première séquence de ce film en deux temps, un net avantage pour le Mont-Blanc suivi d'une belle réaction rouennaise, l'amorce de la scène suivante promettait d'être belle. Dans cette deuxième période, le paroxysme des émotions sera total. En l'espace de trois minutes, le retournement de situation était total. Julien Laplace dès les premières secondes de la deuxième période trouvait l'égalisation (20'42) Sur l'engagement suivant, c'est Valentin Dugast qui faisait parler son esprit guerrier pour porter la mise à 2-1 (21'11) Et comme si cela ne suffisait pas, le scénariste de la rencontre déversait une nouvelle « louchée » de désespoir au dessus du casque des Dragons en ajoutant un troisième but accaparé en avantage numérique par Charly Brugière (23'16) Temps mort pour Rouen. Inévitable temps mort demandé pour faire souffler un Dragon décontenancé, au « fond du bac » comme il aime à dire souvent. Que l'on aimerait à ce moment là de la rencontre pouvoir user de la magie du cinéma pour vivre un « flash back » et changer le moment présent. Pure illusion, c'est au courage, à l'abnégation que les Dragons devront aller chercher leur médaille de bronze. Point de salut autrement pour les Rouennais. La catharsis sera salvatrice pour ces rouennais pendant cet arrêt sur image. Sur le banc, la prise de conscience était palpable, visible sur les visages de certains rouennais refusant de déposer les armes surtout face à Mont-Blanc. Le dénouement n'en sera que plus beau. Avant cela, la rude tempête qui s'abattait sur les Dragons continuera de faire rage jusqu'aux dernières encablures de la deuxième période. Sans avoir démérité, Quentin Papillon cédait sa place sur la glace à Tom Aubrun. Tandis que le jeune rouennais, déçu, mais exemplaire dans son attitude n'aura de cesser d'encourager ses coéquipiers sur le banc, son aîné de Chamonix fera une entrée fracassante sous les projecteurs. Un premier arrêt « Dominik Hasekien » pour se mettre en confiance, Tom Aubrun, adepte des « effets spéciaux », fermera à double tour la porte de la maison Dragon redonnant de l'allant aux siens. Comme un signe du destin, à cinq minutes de la fin de la période, Johan Saint-André, en avantage numérique, sortait un de ces « précieux et puissants » one timer pour ramener le score à 2-3 (35'16) donnant ainsi à la sirène de la fin de période des douces sonorités de mélopée de l'espoir.
Ce Dragon qui ne voulait pas mourir...
Au moment de faire le montage du film de cette rencontre, il sera difficile de couper la moindre scène tant l'ensemble aura son importance. De la première période et sa mise en place du suspense à la Hitchcock à la deuxième avec son lot de péripéties pour le héros du film en passant par la troisième annonciatrice d'un dénouement final époustouflant, tous les ingrédients étaient réunis pour donner à cette rencontre l'oscar du meilleur film à suspense. Que faudra-t-il retenir des vingts dernières minutes de la saison ? Tant de chose. A l'image de la saison, c'est au moment où le Dragon semble au plus mal que ce dernier prend conscience de ses capacités à terrasser des montagnes. Celle du Mont-Blanc ne fera plus obstacle durant la dernière période. Saluons l'équipe du Mont-Blanc qui aura tout donné pour faire en sorte de quitter la Normandie auréolée d'une médaille de bronze à l'image de son gardien Victor Goy qui rivalisera d'adresse pour empêcher la « Fureur du Dragon » de s'abattre sur leur tête. Malheureusement pour les alpins, fort heureusement pour les normands, la fin du film sera tourné en jaune et noir. Après cinq minutes de jeu dans la troisième période, Victor Houeix profitait d'un avantage numérique pour mettre tout le monde d'accord à 3-3 (44'54) Le vent semblait avoir tourné, l'esprit guerrier des Dragons affiché à Grenoble en demi-finale semblait à nouveau présent symbolisé par cette lumineuse ouverture de Kévin Maso à destination de Valentin Moreau en break. Plus que jamais face à leurs anciennes couleurs, les deux montagnards rêvaient d'un dénouement heureux. Il le sera, Valentin Moreau en break parvenait à déjouer son ami Victor Goy donnant ainsi le 4-3 à dix minutes de la fin de la rencontre (49'49) Une explosion de joie sur le banc, un tourbillon d'émotions, un retour de nul part qui galvanisera les Normands jusqu'à la sirène finale. Si ce Dragon là ne voulait pas mourir, le Mont-Blanc ne jouera pas les victimes suppliciées. La montagne jettera ses dernières forces dans la bataille. L'énergie du désespoir ne suffira pas à l'entente pour faire plier des rouennais solidaires devant leur gardien de but jusqu'aux dernières secondes qui sembleront durer des siècles.
Post-scriptum...
5, 4, 3, 2, 1... Les premières scènes du générique de fin apparaissaient sur l'écran blanc de la patinoire de l'Ile Lacroix. Des scènes de joie mesurées toute en retenue chez les vainqueurs, des scènes de détresse chez les vaincus. Un tableau maintes fois vu qui ne laisse jamais indifférent. Face à une très belle équipe du Mont-Blanc, Rouen décroche la médaille de bronze du championnat de France U18, la 11ème médaille de son histoire. Au sortir de la demi-finale à Grenoble, on pouvait lire chez des isérois narquois « Le Dragon vit seul, les loups vivent en meute et ont un esprit de famille » Trompeuse maxime, la solitude n'était pas rouennaise ce week-end là. Parfois chaotique, parfois agaçante souvent attachante, la famille U18 jaune et noire termine ce chapitre 2011-2012 sur cette note heureuse. Merci à tous... Clap de fin...
Rouen – Mont Blanc 4-3 (1-0 / 1-3 / 2-0)
19:52: 1-0 Rouen: 9: Victor HOUEIX (14: Baptiste YLONEN)
20:42: 1-1 Mont Blanc - Chamonix: 16: Julien LAPLACE (24: Maxime FAVRE FELIX)
21:11: 1-2 Mont Blanc - Chamonix: 19: Valentin DUGAST (17: Charly BRUGIERE; 9: Victor ORSET)
23:16: 1-3 Mont Blanc - Chamonix: 17: Charly BRUGIERE (24: Maxime FAVRE FELIX) [5-4]
35:16: 2-3 Rouen: 7: Johan SAINT ANDRE (18: Maxime PILOTE-GRIET; 16: Valentin MOREAU)
44:54: 3-3 Rouen: 9: Victor HOUEIX (20: Kevin MASO; 21: Antoine MONY) [5-4]
49:49: 4-3 Rouen: 16: Valentin MOREAU (20: Kevin MASO)
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