Ce mardi à l'occasion de la première rencontre de Ligue Magnus entre le Rouen Hockey Elite 76 et les Boxers de Bordeaux, régnait un parfum de nostalgie avec l'inauguration de la tribune « Mamie Germond » en hommage à Pierrette Germond, l'une des âmes bienveillantes du club qui passa trente-cinq années de dévouement au service des, non de ses petits Dragons.
Il est plus facile de déconstruire que construire l'histoire d'un club comme en témoigne les regrettables méprises issues de la rénovation de la patinoire qui aura placé dans l'oubli les vestiaires historiquement nommés « Mamie Germond » & « Romain Montagnac » Les uns cherchant leur part de gloire éphémère, les autres, la mémoire chancelante, peinant à dépoussiérer les vestiges d'un passé qu'il ne faudrait pas oublier, les derniers, humbles, discrets préférant taire leur ouvrage non pas par désinvolture mais par un précieux désintérêt de plus en plus rare. Au même titre qu'un François Legay, l'un des pères fondateurs du hockey rouennais indissociable de son compère de toujours, le regretté Bernard Le Feuvre, Pierrette Germond faisait partie indéniablement de ses âmes discrètes, bienveillantes. Préférant l'arrière-cuisine de la besogne à la vitrine du paraître, c'est en 1972 que la légende de Mamie Germond commença à s'écrire. En ce temps là, le Club de Hockey Amateur de Rouen n'était qu'un très lointain concept qui naitra vingt-cinq années plus tard, le Rouen Olympic Club, créé deux ans plus tôt constituait un savant capharnaüm où s'enchevêtraient patinage artistique et hockey sur glace dans une même valse glacée qui conduira aux premiers coups de patins donnés sur la glace de l'Ile Lacroix.
C'est dans ce contexte de balbutiements grelottants que les premiers mini-Dragons feront leur apparition. Une poignée dans un premier temps puis bien plus au fil des années et de l'essor irrépressible du hockey sur glace dans la ville aux cent clochers. Avec pour chacun deux points communs, le plaisir de la découverte de la glisse bien évidemment mais au-delà de ça la surprise de faire l'expérience de l'ambiance, désormais, surannée qui régnait alors du coté de l'école de glace. Pour s'en convaincre, il suffit d'évoquer le fameux « cagibi » de Mamie Germond. Véritable tanière du Dragon dans laquelle seule la maitresse des lieux était capable d'y retrouver ses petits. Patins, crosses, pièces d'équipement, un bric-à-brac surréaliste dans un coin reculé de la patinoire qui aura permis à des dizaines, non des centaines de Dragons de faire leurs premiers pas sur la glace. C'est tout le charme de cette époque des débuts, l'amateurisme, la débrouillardise érigée comme crédo, le dévouement désintéressé écrit en lettres d'or sur la porte déconfite du fameux local de Mamie Germond. Il est particulièrement ardu de faire revivre en quelques lignes une époque révolue, il y aurait tant à dire, tant à écrire, tant d'anecdotes à raconter autour du mythe de Mamie Germond. Du premier tournoi disputé par des jeunes Dragons en Suisse au début des années quatre-vingt aux côtés de François Legay à la conquête du premier titre du Rouen Hockey Club en 1990, équipe qui comptait dans ses rangs quelque uns des précieux enfants de Mamie Germond en passant par les mercredis après-midi et l'arrivée de Pierrette Germond sur le parking de la patinoire, la conduite parfois aléatoire au moment de se garer, la démarche parfois chancelante au moment de pénétrer dans son royaume mais toujours le sourire bienveillant aux lèvres, poursuivie par une nuée de Dragons, heureux à l'idée de saluer respectueusement leur Mamie du hockey et de profiter au passage d'un moment savoureux de plaisir dégustant un morceau du mythique gâteau de Mamie Germond dont le parfum chocolaté embaumait les couleurs de la patinoire.
Plus qu'une plaque posée sur une tribune de l'Ile Lacroix, c'est tout une époque symbolisée par Mamie Germond, une époque où le hockey naissait, une époque où la bienveillance régnait, une époque bénie où le dévouement sans faille et sans arrière-pensées des uns permettait aux autres de vivre leur passion. Passion, sans le doute le meilleur vocable à utiliser pour conclure cette évocation de Madame Germond avec un gigantesque « M » . Passion et bienveillance. Il n'y a rien à ajouter.
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