■ CHAR ■ Dragon au féminin (2)
Deuxième épisode de notre série « Dragon au féminin » , après Annie Sommer, joueuse de hockey sur glace au sein du Club de Hockey Amateur de Rouen (voir par ailleurs), c'est l'une de nos plus fervente bénévole qui est mise à l'honneur, du sang jaune et noir dans les veines, un dévouement humain sans faille auprès de nos jeunes, Catherine Plaquevent, actuellement trésorière, membre du bureau directeur et secrétaire administrative.
Catherine, comment avez-vous découvert le hockey sur glace ?
Je suis trésorière du club, secrétaire administrative. J'ai découvert le hockey totalement par hasard, un jour en venant voir un match suite à des billets que j'avais eu. Mon fils Nicolas a adhéré tout de suite au sport, il a fait des essais et accroché tout de suite. C'est comme ça que l'histoire a commence avec ce sport que je connaissais pas du tout à la base.
Qu'est ce qui vous a poussé à vous investir dans le fonctionnement du club ?
Plutôt que passer mon temps à regarder les entraînements, j'avais la volonté de prendre des responsabilités au sein du club, mettre mon temps à profit pour aider de mon mieux le club. J'ai commencé en tant que responsable d'équipe pour m'investir auprès des enfants et en parallèle, Catalina Correia, la secrétaire du club cherchait une personne pour l'aider ponctuellement, ce que j'ai fait. Rapidement, elle a démissionné de son poste et je l'ai remplacée.
Nous sommes dans le cadre de la semaine consacrée au sport féminin, à travers l'opération « Sport donne des Elles », que vous inspire la déclaration de Roxana Maracineanu, lors de la journée de la femme, visant à faire une proposition de loi à l'Assemblée Nationale pour imposer aux fédérations la parité dans les organes de décision ?
C'est un axe qu'il faut travailler dans la mesure où je pense que les femmes peuvent avoir un regard différent sur le sport en général et peuvent apporter autre chose que les hommes.
Un « regard différent » , c'est-à-dire ?
Peut-être, une vision plus humaine du sport, moins dans la compétition, plus dans le plaisir.
Si l'on s'en tient aux chiffres des fédérations olympiques, seules deux fédérations sur trente-six respectent une stricte parité au sein des bureaux exécutifs comme le prévoit la loi de 2014 pour l'égalité. En tant que club, le CHAR fait partie des excellents élèves dans ce domaine.
Au sein du Club de Hockey Amateur de Rouen, nous sommes trois femmes présentes au bureau directeur du club qui comporte six membres, Nadine Chaumont, secrétaire générale, Corinne Villain, membre et donc moi, trésorière. Nous sommes trois femmes dont les enfants ont beaucoup accroché avec ce sport et qui ont été très tôt investies en tant que responsable d'équipe. Nous les avons suivi jusqu'au bout et même après. J'aurais tendance à dire que c'est contextuel.
Toujours selon notre ministre déléguée au sport, le respect de la parité dans les organes décisionnels des fédérations entraînerait l'augmentation de la féminisation du sport ? Le CHAR semble être à nouveau un contre-exemple avec les difficultés de recrutement féminin qu'il rencontre.
Je ne suis pas sur que l'on puisse faire le parallèle. Si l'on prend la situation du CHAR, le fait d'avoir trois femmes investies dans le hockey et dans le bureau directeur n'a pas fait venir plus de filles au sein du club. Sur les générations de nos enfants, le constat est clair, il y'a aucune fille. Concrètement, dans l'esprit de tous, le hockey sur glace est un sport d'homme, sport de combat, sport de bagarre, nous sommes très loin du profil de la jeune fille qui fait de la danse ou du patinage. Notre image, notre réputation ne donnent pas nécessairement envie aux parents d'emmener leur petite fille au hockey sur glace.
Pardonnez nous l'expression, mais quelle est la recette pour faire des filles, joueuses de hockey ?
Donner une autre image du hockey. Tant que l'image du hockey restera aussi virile, cela sera compliqué de faire venir des filles dans notre sport. Pour moi l'essentiel, et c'est également valable pour les garçons, est de donner aux filles du plaisir à pratiquer le hockey sur glace et leur donner envie de rester lorsqu'elles ont commencé la pratique toute petite. Cela passe par un accueil spécifique mais cela reste très compliqué.
Justement, dans l'épisode 1 de « Dragon au féminin », Annie Sommer évoquait les difficultés d'intégration qu'elle avait rencontré à son arrivée à Rouen, aussi bien vis à vis de ses coéquipiers masculins mais également vis à vis de l'encadrement.
Il y a une chose qui est certaine c'est que l'approche doit être différente entre un garçon et une fille. Une petite fille ne va pas mettre nécessairement l'accent sur la même chose que le petit garçon et si tu fais la même dans l'encadrement pour l'un et pour l'autre, le ressenti ne sera pas le même. Dans ce domaine, les mentalités de tous, entraîneurs, encadrants doivent évoluer et bien sur, il faut mettre les moyens nécessaires pour développer la féminisation de notre sport.
Les « moyens nécessaires », c'est-à-dire ?
Par exemple, depuis les travaux de modernisation de la patinoire, on dispose d'un vestiaire féminin, avant nous n'avions rien. L'évolution de la société fait que mélanger fille et garçon y compris sur des tous petits devient de plus en plus compliqué voire impossible. Il est nécessaire de développer la féminisation de notre sport, cela semble être une évidence même si nous sommes bien conscients que cela reste très compliqué dans la mesure où la mixité semble impossible à mettre en place dans la réalité. Pour moi, il faudrait avoir suffisamment de filles pour créer des championnats féminins mais là nous en sommes très loin.
La féminisation du hockey sur glace est-elle une priorité du CHAR ?
Cela doit le devenir. Le hockey sur glace est un sport qui doit être reconnu et accessible à tous et surtout à toutes. Si l'on souhaite développer notre sport, il doit être ouvert aux filles et aux garçons.
Pour conclure, comme chaque année, le CHAR s'inscrit dans la démarche de la Ville de Rouen et de l'ASPTT de Rouen en participant à l'opération « Le Sport donne des Elles »
Ce genre d'opérations est très importante pour la féminisation du sport en général. Il faut absolument les renouveler aussi souvent que possible avec peut-être une orientation vers un public plus jeune, plus enfants mais une chose est sure, cet événement va dans le bon sens et il faut les réitérer.
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