"Nil Satis Nisi Optimum"
Champions : U15: 1999, 2000, 2001, 2005, 2006, 2007, 2008, 2013, 2018 // U17: 2000, 2002, 2005, 2010, 2011, 2014, 2017 // U20: 2004, 2006, 2009, 2011, 2013, 2015, 2017, 2019 ...

 

Un hockey plus scientifique...

 

Si certains sports; comme le football, regorgent d'informations scientifiques pertinentes sur les athlètes et leur façon d'utiliser leur corps dans la pratique de leur discipline, le hockey sur glace reste l'un des parents pauvres de la recherche scientifique dans le domaine du sport. Certes, les grandes puissances du hockey nord-américaines et scandinaves se sont intéressées à la question tout comme les manufacturiers d'équipements toujours intéressés pour optimiser leurs produits mais l'ensemble reste bien évidemment non disponible pour le hockey français.


«Certains clubs à l'étranger notamment ont mené quelques études qui restent confidentielles mais rien n'est disponible pour le hockey français » constate, avec dépit, Gaetan Brouillard, préparateur physique du Rouen Hockey Elite 76 à l'initiative d'un curieux projet, né il y a deux ans, qui passe désormais dans une phase plus visible. « Depuis deux ans, je travaille avec des stagiaires dont certains sont dédiés uniquement à la recherche. L'année dernière, grâce à l'appui de la vidéo, nous avons déjà effectué une analyse statistique complète des différents matchs de Rouen en comptabilisant notamment le nombre de montées sur le glace, les temps de présences etc. En complément de ces premières données, l'idée était de compléter avec une analyse plus précise des mouvements mécaniques et de patinage de l'athlète.

 

Dans les faits, ce type de données doit nous permettre d'optimiser les séances de hors glace par exemple en adaptant les mouvements du musculation à la réalité de la glace. Le but de l'opération est d'approfondir l'analyse des techniques de patinage pour mieux travailler dans la préparation physique, la prévention des blessures etc. Les pistes sont multiples : les deux jambes sont elles sollicitées de la même façon au moment de patiner, quels muscles sont le plus sollicités et de quelle façon, quelles sont les différences avec ou sans palet sachant qu'un joueur de hockey passe l'essentiel de son temps sur la glace sans palet, sur une temps de glace de 17 minutes par match en moyenne, il ne dispose du palet que 41 secondes. A terme, nous aimerions proposer un plan de développement à l'ensemble des catégories. Avec l'expérience, nous arrivons à avoir une vision plus ou moins précises des nécessités de l'athlète avec ce projet nous aimerions le prouver scientifiquement et sensibiliser les acteurs du hockey français à ce genre de recherche. Je suis persuadé que le développement du hockey français passe par ce type d'actions avec un outillage adapté et des personnes compétentes. » relate Gaëtan aux premières loges en bord de glace pour assister aux premiers tests de son projet.

 

Ainsi, sur la glace de la patinoire de l'Ile Lacroix, les traditionnels entraînements ont laissé place à des «outils » bien moins conventionnels. Capteurs, caméras et autres ordinateurs auront pris possession du glaçon normand le temps d'une première phase de test. Sous la houlette de Maxime L'Hermette, maître de conférence à l'Université STAPS de Rouen depuis 2005, chercheur au CETAPS, la branche « laboratoire » de STAPS, Ludovic Seifert, maître de conférence également à l'université STAPS de Rouen et de Florian Mell, étudiant en Master II, les premiers tests auront été effectué avec comme « cobaye » deux espoirs rouennais : Valentin Dumélié, joueur D2 et U22 ainsi que Kévin Marias Magill, joueur D2, U22 et entraîneur au CHAR.


« Nous avons programmé deux séances préparatoires avant de lancer d'autres tests avec plus de joueurs afin de roder le protocole. Le objectif est double dans notre projet. D'une part, analyser le mouvement du patineur du point de vue de l'appareil locomoteur (ndlr : système qui confère à l'homme ou l'animal la faculté de se mouvoir) Les axes de recherche sont nombreux pour cet aspect là allant de l'orientation de la lame lorsqu'elle est en contact avec la glace, la différence des temps de propulsion et de glisse, les différences en fonction de l'âge et du niveau, l'orientation de la position du pied pendant la phase de propulsion... etc. D'autre, part effectuer une analyse aussi fine que possible de la coordination du hockeyeur dont on ne sait pas grand chose finalement : l'influence ou non du mouvement des bras sur la coordination des jambes, la coordination d'une jambe par rapport à l'autre. En gardant à l'esprit les incidences possibles sur le quotidien du sportif : adapter les exercices sur la glace et en dehors, adapter les positions durant les hors glace, améliorer la coordination et la glisse sur la glace, nous avons mis en place une série de tests à partir de six conditions : départ arrêté avec crosse, sans crosse, avec palet, départ lancé avec crosse, sans crosse, avec palet. Déjà, de façon très rapide sans creuser plus profondément, on voit que le fait de rajouter un palet à la crosse ne modifie pas le temps de parcours alors qu'en revanche avec une crosse, l'athlète patine environ 1 seconde et demi moins vite que sans crosse. Pour essayer d'être le plus fin possible dans l'analyse, nous utilisons des cellules photoélectriques, six caméras qui vont nous permettre une modélisation en 3D du squelette de l'athlète et nous permettre de distinguer les différentes amplitudes et angles entre le genou, la cheville et la hanche pour améliorer l'efficacité. Directement sur les joueurs, nous disposons également des capteurs de mouvements par exemple sur les patins pour mesurer l'inclinaison des lames sur la glace et enfin un accéléromètre au niveau du bassin qui nous permet de mesurer le temps d'appui sur chaque patin » précise le coordinateur du projet Maxime L'Hermette qui aura pu apprécier la disponibilité et la patience de ses deux objets d'études du jour disponibles pour la vingtaine de passage chacun pendant presque deux heures.


 



Vous avez aimé cet article ? Alors partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :